Le Silence aussi
Alain Farah
Cahier critique de Poésie, 25, 2013
Avec Le Silence aussi, écrit en 2004, mais récemment traduit du tchèque par les éditions Allia, l’auteur de l’inoubliable Europeana propose une cinquantaine de poèmes parfois brillants, parfois douteux, jamais quelconques. Dans ce petit livre où l’on mord et meurt beaucoup, les cadavres s’empilent, les dieux traînent de la patte, les démons ne dorment jamais. On retrouve la sensibilité encyclopédique et la désinvolture politique de l’écrivain, deux qualités qui rendent ses textes si nourrissants. Pas étonnant, dans ce cas, qu’Ourednik nous suggère de ne pas manger son livre : au-delà des conséquences gastriques, ce sont les thématiques privilégiées par l’auteur que certains risquent de trouver indigestes. Ourednik démontre pourtant que rien ne vaut un poème pour servir au lecteur du macchabée au dîner puis un café infect au dessert.