Classé sans suite de Patrik Ourednik
Eustache raconte, 27 mars 2012
Viktor Dyk, misanthrope comme seuls les vieillards acariâtres parviennent à l’être, traîne sa carcasse autour de son pâté d’immeubles pragois, multipliant les petites crasses envers ceux qui croisent sa route. Quelques évènements troublants ont agité son quartier dernièrement. Après deux incendies dans l’immeuble du Club des retraités, la vieille madame Horak est retrouvée la tête dans son four après un heurt sans gravité apparente avec une voiture. Responsable du commissariat local, l’inspecteur Lebeda tire ce qu’il peut de ces vieillards dont les cordes vocales ont mieux résisté que les genoux au passage des ans, mais bien incapables d’en tirer grand-chose de sensé. Drôle d’enquête en vérité !
Outre le fait que pour la modique somme de 9 euros Allia offre une édition très soignée, c’est la quatrième qui m’a poussé à investir au petit bonheur la chance dans ce bouquin que je ne connaissais ni d’Ève ni d’Adam. Proposer les seuls “Amis ! Parlons rond ! Sommes-nous réels ?” en guise d’appât a quelque chose de joliment provocateur qui n’a pas manqué de titiller ma curiosité.
Dès les premières lignes, on est saisi par l’humour d’Ourednik. Maniant le changement de registre à merveille, il montre un Viktor Dyk délicieux de cynisme, de nuisibilité, une véritable teigne clopinant d’une bassesse à la suivante. Les personnages sont peints dans toute leur trivialité et leur bêtise et deviennent rapidement drôles à souhait. La vacuité des conversations, les mises en abîmes, les interventions du narrateur rendent la lecture franchement jubilatoire, et j’ai beaucoup ri au long de cette lecture.
Pour ce qui est de l’intrigue, parlons rond, est-elle réelle ? Je m’y suis allègrement perdu et ai accumulé les hypothèses, comme c’était sans doute le but de l’auteur. Mais même perdu, on sourit, on est content, l’auteur nous fait tourner en bourrique et on tourne joyeusement...