Le Bilan (Etienne Dumont)

Publié le lundi  10 février 2014
Mis à jour le dimanche  7 décembre 2014

L’Histoire de France selon Patrik Ourednik, ou quand on croyait encore à l’avenir

Etienne Dumont

Le Bilan, 6, 2014


C’est un petit livre, comme les aime les éditions Allia. Avec Histoire de France. À notre chère disparue de Patrik Ourednik, le lecteur découvre un récit faussement naïf, écrit à la première personne. Nous sommes sans doute peu avant 1914. L’électricité n’est pas encore parvenue jusque dans le village reculé du narrateur. Un homme simple, qui vient de passer trois jours à Paris. Il nous en raconte les merveilles, trop rapidement entrevues.

Mais en dépit de la concision du récit, le public de 2014 peut retrouver tout un univers disparu. La Troisième République a favorisé l’instituteur aux dépends du curé. La pensée se veut désormais laïque. « Le progrès est utile à tous, même si la femme est par nature encline à la prière. » L’optimisme apparaît de règle vers 1900. Tout ira mieux. Le monde sera meilleur. Très vite. On ne s’entretuera plus pour des riens, comme au temps des Mérovingiens. « La nourriture deviendra saine, à l’instar des hommes eux-mêmes. » On sait comment ces espoirs finiront. Sur les champs de bataille de la Grande Guerre...

Un très joli texte, où l’Histoire semble un instant suspendue. Plus personne ne croit aujourd’hui aux lendemains qui chantent.