Utopie et désenchantement
La plume dissidente, le 29/07/2019
En 2006, les éditions Allia ont publié un livre de l’écrivain tchèque naturalisé français Patrik Ourednik, intitulé Instant Propice 1855. Dans ce roman, la cible de Patrik Ourednik est le XIXe siècle héritier des Lumières. Il s’agit en quelque sorte d´une fable caustique, mais – comme toujours chez Ourednik – teintée d’humour, où un anarchiste génois décide de fonder au Brésil une communauté expérimentale qui devrait aboutir, suivant ses principes philosophiques et politiques, à la société parfaite. Une utopie, mue par des idéaux généreux et pacifistes, mais dont l’accomplissement ne fait que reproduire les vices d’usage et amène les membres de ladite communauté à s’empêtrer dans le même bourbier qui les avait fait s’échapper de ce monde conventionnel qui les dégoûtait tant : les sempiternelles discussions entre communistes et anarchistes, les antagonismes entre Français et Allemands, les ambitions personnelles. Enfin, le rêve vire au cauchemar et l’on s´interroge si c’est l’utopie même que l’on doit viser ou l’idée d´une recherche de l’utopie qui elle seule nous permet, peut-être, de construire, de proche en proche, de petites victoires quotidiennes et rendre ainsi le monde moins inique et plus équitable.