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Publié le mercredi  9 mai 2018
Mis à jour le dimanche  9 mai 2021

Patrik Ourednik, Année vingt-quatre

‘‘Je me souviens que pendant les vacances de l’été soixante-neuf, mon père se demandait si nous ne devrions pas rester en France. Je me souviens qu’il nous a demandé notre avis à nous, les enfants, et que sa question m’a révolté. Je me souviens que ma grande soeur a répondu : ‘C’est pas à nous de partir, c’est aux Ruskofs.’’

Patrik Ourednik rassemble des bribes de souvenirs de 1965 à 1989, de ses huit ans jusqu’à la révolution de Velours et la chute du régime communiste en Tchécoslovaquie, alors qu’il est âgé de trente-deux ans. Vingt-quatre années comme autant de chapitres, eux-mêmes des pages de l’Histoire.
Au-delà de la forme choisie par Perec pour Je me souviens, cette mémoire personnelle est surtout celle de toute une génération et les quatre cents coups perpétrés par l’auteur, alors gamin indocile et rétif à toute autorité, nous en apprennent beaucoup sur les conditions de vie, de l’économie à l’éducation, sous le régime communiste. Ici, chaque réminiscence personnelle est reversée au registre d’une mémoire collective. La présente édition française est par ailleurs complétée de notes, de commentaires et d’une foule de documents d’époque : articles de journaux, slogans, blagues politiques, graffiti... Par cette forme déjantée qu’il invente, Ourednik accomplit le tour de force de faire sentir au lecteur la notion de totalitarisme.