Patrik Ourednik, “intriguant pour n’importe quel lecteur européen“
Victor Sepausy
ActualiTTé. Les univers du livre, le 22/07/2021
Né en 1957, Patrik Ourednik est l’un des auteurs tchèques contemporains qui peut se targuer d’être parmi les plus lus en France. Émigré dans l’Hexagone depuis 1984, il s’est approprié la langue française comme langue d’écriture dans ses tout derniers titres.
Publiées aux éditions Allia, ses œuvres sont directement imprimées au format de poche, particularité de l’éditeur. Ainsi, le retentissement de titres tels qu’Europeana, le livre traduit du tchèque le plus vendu en France, après ceux de Kundera, depuis 1989, a pu être considérable. Voici ce que nous dit Marianne Canavaggio à propos de l’auteur :
« Ourednik propose un tout autre type de prose et est intriguant pour n’importe quel lecteur européen, car il l’incite à réviser sa vision des choses : le succès de son Europeana, Une brève histoire du XXe siècle suffit à le prouver. Par ailleurs, le second degré, l’ironie, le persiflage, le jeu sur les attentes du lecteur sont autant d’appâts de sa prose. »
On a souvent évoqué l’aspect réfléchi, un peu « jardin à la française » de l’œuvre d’Ourednik : si ce n’est pas la raison directe de son succès en France, c’est en tout cas une particularité qui le distingue clairement de la plupart des auteurs tchèques de son temps. Les livres d’ Ourednik, qui flirtent avec tous les genres (roman, théâtre, poésie, essai…) intriguent, dérangent et amusent à la fois.
Ils donnent à voir la bêtise, la folie, l’absurdité qui rôdent dans des époques diverses : le XVIIIe siècle des Lumières, le XXe siècle et ses totalitarismes, le XXIe siècle postmoderne. Ils se caractérisent toujours par une grande exigence, tant sur le plan formel qu’intellectuel.
Extrait de La fin du monde n’aurait pas eu lieu :
« Bref, la langue évoluait. Fidèle à sa tâche d’exprimer la pensée du moment, elle était devenue gâteuse. Des orateurs d’une imbécillité à faire fondre les glaciers d’Antarctique circulaient dans la cité, en toute impunité. Ils savaient qu’ils avaient gagné la partie : à force d’être pris pour des demeurés, les gens étaient devenus des demeurés. »