Jan Skácel : Paysage avec pendules

Publié le dimanche  9 septembre 2012
Mis à jour le vendredi  7 septembre 2012

Jan Skácel

Paysage avec pendules

Éditions K, Paris, 1990

Translation © Patrik Ourednik


 Les brebis

Les jours disparaissent comme les fleurs secouées du crocus.
Encore que parfois, la vanité brutale du vin
écrase le sang et fait jaillir
entre les côtes un jardin.

Il ne nous reste rien. Pas même un plat mensonge.
Nus au milieu des orties,
la tête dans l’armoise,
guettant tout près des chemins interdits

où trottinent les brebis. De si cruelles brebis.

 Le courage à cela

Je mentis en disant qu’il n’y avait aucun mort.
Si tard dans la nuit – qui aurait joué du violon.
Et j’étais effrayé et désert,
un paysage sans héron.

Et il y était. Il était là.
C’était le silence qui sonnait faux.
Ils ont su crucifier l’arbre
et lapider les eaux.