Histoire de France † À notre chère disparue

samedi 1er février 2014
par  NLLG

Histoire de France † À notre chère disparue
Roman didactique en douze chapitres

Éditions Allia, Paris, 2014


VIII

Autrefois, pendant les anciennes guerres, des troupes de mendiants et de langoureux envahissaient nos campagnes. De leurs corps sortait une si puante haleine que les citoyens s’écartaient vivement sur leur passage. Ils se nourrissaient de chardons et d’orties, et s’en remplissaient comme des porcs, ce qui provoquait des maladies rares et étranges ; parfois, un flux de sang leur coulait des narines, comme un torrent.

Heureusement, cela appartient au passé. Finis les bombardes et les trébuchets ! Depuis l’avènement de la République, l’amitié entre les peuples est le mot d’ordre des nations civilisées. Toutefois, en attendant, il est indispensable de vaincre l’ennemi. Une fois vaincu et humilié, il comprendra que l’animosité ne fait que retarder la marche vers l’Humanité unie.

Le roi Charlemagne l’avait bien compris : il combattait les peuples barbares qui, une fois vaincus, l’ovationnèrent avec enthousiasme.

Avides de la bonne terre de France, les Anglais voulurent eux aussi s’établir, par la force, dans notre pays. Mais une vierge se dressa contre eux. Elle encouragea ses troupes : « On les aura, fussent-ils pendus aux nues ! »

— Une vierge ? Cela reste à prouver, répondit Marcel à l’instituteur. Sacré farceur !

Le devenir du monde est un vaste réseau où mille causes se croisent. Mais une chose est sûre : la Civilisation l’emportera.

Par le passé, certains disaient : « Que Dieu veuille batailler et vaincre avec nous ! » Ce furent des paroles vaines : Dieu n’existe pas, car s’il existait, la France n’aurait pas perdu une seule bataille, ce qui, hélas !, arriva plusieurs fois. Ce sont nos canons, et non point Dieu, qui décident de nos victoires : plus la portée de nos canons est longue, plus la guerre est joyeuse et pittoresque.

Charlemagne fut un roi réformateur. Notre pauvre France avait bien besoin de réformes ! Les paysans criaient famine ; les Saxons, qui étaient alors des Allemands, pillaient nos fermes et nos étables ; les rues des villes étaient sombres ; à la tombée de la nuit, des individus louches et farouches y circulaient en toute impunité.

De sublimes scènes surgissent parfois au cœur des batailles. Comme ce Zouave en lointaine Afrique lorsqu’une colonne ennemie le poussait devant elle avec d’autres Zouaves, tous prisonniers, en criant : « Cessez le feu ! » Puis partit ce cri, poussé par le Zouave courageux : « Tirez donc ! Tirez ! »

Mais parfois aussi, les combattants pleurent, de lâcheté ou de dépit. Il est important que les soldats soient menés par des officiers aux nerfs d’acier.


© Patrik Ourednik