Standard (F.P.)

Publié le jeudi  19 avril 2012
Mis à jour le vendredi  10 mars 2017

Magazine Standard, avril 2012

Dans Europeana, une brève histoire du XX siècle (Allia , 2004), le Tchèque Patrik Ourednik jouait déjà à se tapir dans une chronique faussement subjective d’un siècle de l’Histoire officielle et de racontars estampillés archives. Dans Classé sans suite, c’est au genre policier qu’il impose son crible, transformant en théâtre un médiocre quartier sillonné de vieillards bavards de rien, de disparitions louches et d’un inspecteur trop instruit pour la plèbe ; pour se faire accepter de ses pairs, « il avait appris à prononcer des mots comme zut, pifomètre ou boulonner et avait réduit de moitié le nombre de mots par énoncé. » Quand tout un chacun tisse son propos de dates ou citations pour en contrebalancer le vide, il ne reste plus aux érudits qu’à singer l’hébétement, à l’écrivain qu’à parodier la pire tourbe romanesque pour mieux en souligner l’inanité.

F. P.